Comme nous l’avons mentionné dans le message précédent, nous n’avons pu nous rendre à Nia Ouro mais Djadjé, le Président de l’Asaco (organisme de gestion du Centre de Santé) à fait le déplacement jusqu’à Djenné pour venir nous rencontrer (1 heure et demi en moto). Il pensait pouvoir être accompagné par d’autres villageois responsables mais ceux-ci ont préféré ne pas prendre le risque de venir. Il faut dire que la PEUR est le maître mot ici maintenant dans cette région. Chacun se méfie de son voisin et la délation est devenue monnaie courante. Dans les environs, un chef de village a été abattu au seul motif d’être l’intermédiaire entre les villageois et une banque dans le cadre de micro-crédit…
Sous le couvert de djihadistes, des groupes de bandes armées sévissent et les forces armées maliennes sont inexistantes et prisent en point de mire par les différentes factions.
Ceci-dit, nous avons eu une très bonne réunion avec Djadjé à qui nous avons demandé quelle était réellement la situations des femmes du village. Il nous a confirmé que celles-ci ne pouvaient plus s’organiser en associations de manière visible mais que toutefois, cela ne les empêchait pas de continuer leurs activités mais en toute discrétion.
Nous lui avons demandé quelle seraient leurs priorités.
Parmi les projets qui étaient sur la table, l’embouche (engraissement de bétail) était la façon la plus efficace de les aider sans que cela ne soit trop visible, en effet, c’est une population peule et donc naturellement accompagnée de bétail.
Nous avons donc convenu de le revoir lorsque nous serons à Mopti afin de lui remettre une somme de 1.500.000 FCFA (2.200€) qui leur permettra de démarrer cette activité.
La discrétion veut qu’il n’y ai aucune trace de notre intervention, seules 3 personnes de confiance au village seront au courant. Les justificatifs suivront lorsque la situation sera améliorée, ce que nous espérons vivement. Notre partenaire sud suivra l’évolution et assurera le contrôle. Nous avons toutefois confiance en Djadjé
qui est courageux et intègre et très concerné par son village.
Pour ce qui est du Centre de santé et de autres infrastructures, il n’y a pas de danger. Apparemment les djihadistes ne s’en prennent pas aux infrastructures mais font peser une chape de plomb et de terreur sur les populations.
Voilà, c’est la triste réalité avec laquelle les populations doivent vivre et nous devons composer.